17 Mai 2017
"Jeux vidéo/Cinéma : perspectives théoriques"
Disons que je cours constamment après le temps et que j’en manque cruellement pour faire aboutir certains de mes projets, particulièrement du temps pour écrire. C’est assez frustrant pour un enseignant-chercheur, mais, ma foi, il faut faire avec. Mes fonctions à l’université me demande de consacrer de plus en plus de temps au travail administratif (je gère environ 300 étudiants inscrits en master audiovisuel à Paris 3 Sorbonne nouvelle) : heureusement, j’ai une excellente secrétaire administrative avec qui je travaille depuis bientôt trois ans et deux collègues à la direction du département, qui m’épaulent dans ces fonctions.
La période est par ailleurs assez agitée à l’université où des choix politiques que nous ne comprenons pas visent à nous imposer des rapprochements forcés pour constituer des « grosses » universités dont le fonctionnement s’annonce problématique et les visées à moyen et long terme néfastes pour l’enseignement supérieur public. En tant qu’élu et en tant qu’enseignant-chercheur, je me bats avec mes collègues depuis plusieurs mois pour faire entendre notre voix et nos désaccords. Là aussi, ce temps consacré à se battre pour défendre un modèle mesuré et efficace, pour faire entendre une certaine vision de l’enseignement supérieur et du service public, s’utilise souvent au détriment de la préparation des cours et de la recherche.
Donc, pour répondre à ta question, « Oui, ça va… mais faut se battre constamment ! »
Je suis enseignant-chercheur à la Sorbonne nouvelle au département Cinéma et audiovisuel. J’y donne des cours sur le jeu vidéo et le cinéma depuis maintenant 6 ans. Auparavant, j’ai été chargé de cours à l’université de Nanterre en région parisienne. J’ai mené une thèse de doctorat de 2004 à 2009 sur les jeux vidéo adapté de films de cinéma. J’ai connu deux ans de chômage avant d’être recruté comme titulaire à Paris 3. Mon statut actuel de maître de conférence me permet de choisir une partie de mes enseignements : je donne des cours de la 2ème année de licence à la 1ère année de master sur l’histoire et l’économie des jeux vidéo, sur la création de jeux, sur les métiers et sur la théorie des jeux vidéo. Je donne aussi des enseignements plus classiques sur le cinéma d’épouvante des années 1930 ou l’histoire du cinéma contemporain. Par ailleurs, j’ai des charges administratives (direction des masters CAV) et des engagements comme élu à la Commission de la Formation et de la Vie Universitaire).
J’ai écrit quelques ouvrages sur les jeu vidéo dont Des pixels à Hollywood chez Pix’n Love (2010) et Les jeux vidéo au cinéma chez Armand Colin (2012). J’écris également, comme tous les chercheurs, des articles de recherche dont le lectorat est un peu plus limité.
Comme chercheur, il m’arrive d’être sollicité par les médias pour des entretiens, des participations à des émissions ou des sollicitations diverses. L’année 2016 a été marquée par un nombre inhabituel de films adaptés de jeux vidéo (en tout quatre films de Ratchet & Clank à Assassin’s Creed), ce qui a eu pour effet une sur-sollicitation par les médias souvent à la recherche de la parole légitime d’un spécialiste, surtout universitaire. Je suis donc un bon client, d’autant plus sollicité que je suis parisien donc facilement accessible. Il y aurait d’ailleurs un vrai cas d’étude à analyser en sociologie des médias sur le recours aux spécialistes de jeu vidéo ; l’été Pokémon Go a été en cela un cas d’école. Tes lecteurs trouveront toutes mes apparitions médiatiques sur ma page annuaire de mon université :
Université Sorbonne Nouvelle - Paris 3 - M. BLANCHET Alexis
Maître de conférences en Études cinématographiques et audiovisuelles au département Cinéma et Audiovisuel de l'université Paris III Sorbonne Nouvelle.
http://www.univ-paris3.fr/m-blanchet-alexis-127810.kjsp?RH=ACCUEIL
Allez voir l'activité d'Alex BLANCHET
Il m’arrive d’être invité à des podcasts, ce qui est toujours plus confortable que les trois mots retenus dans un sujet télévisé ou un papier de presse. Dernièrement, je me suis bien amusé avec la bande de ZQSD ou avec les « papas rétro » de LaCazRetro qui m’ont fait un bel accueil.
J’ai dirigé un ouvrage intitulé Jeux vidéo/Cinéma. Perspectives théoriques aux éditions Questions Théoriques qui sort en février/mars 2017 (sorti depuis l'interview et bientôt chroniqué sur le blog donc). Je remercie d’ailleurs Aurélien de la collection Lecture>Play qui a publié ce projet. C’est un projet collectif auquel ont contribué une douzaine de personnes : chercheurs francophones spécialistes du jeu vidéo (Québec, Belgique, France), journalistes, historiens, professionnels du secteur… On y trouve par exemple un « Petit guide de survie à la théorie des relations cinéma/jeu vidéo », un papier sur la narratologie appliquée aux jeux vidéo, une enquête sociologique sur les goûts cinématographiques des joueurs francophones de World of Warcraft, une interview du scénariste du film Super Mario Bros. ou encore un historien spécialistes des archives de guerre qui analyse les cinématiques d’introduction des premiers Call of Duty ou Medal of Honor…
J’utilise, quand il est disponible, le pseudo vangennep qui vient du nom d’un anthropologue français du début du XXème siècle qui s’appelait Arnold van Gennep. Van Gennep est connu pour avoir développé la notion de rite de passage. Je l’avais découvert pendant mes études de sociologie à la fin des années 1990 ; j’en avais alors fait mon premier pseudo sur internet. Il m’a suivi sur les plateformes de jeu.
Tout cela varie énormément selon ma disponibilité et ma fatigue. J’ai en général une console portable sur moi qui m’accompagne dans mes déplacements urbains. Grâce à la DS, j’ai en quelques années fait une bonne partie des Dragon Quest portés sur la machine (DQ IV, V, VI, IX). J’ai également une Caanoo, une console portable coréenne qui émule parfaitement de la NES et de la Megadrive : je me suis fait ou refait certains de ces jeux, parfois en me faisant une série de jeux de baseball ou de basket pour voir sur une machine les évolutions du genre. J’ai plus de difficulté ces dernières années à faire des jeux sur console de salon : j’arrive seulement à voir le bout des Marios (les Mario Galaxy ou Super Mario 3D World que j’ai assez bien essoré), mais des Assassin’s Creed, Watch Dog, Call of Duty ou même Uncharted me tombent des mains après quelques heures qui me semblent suffire pour comprendre le machin). En revanche, je reviens inlassablement sur Geometry Wars Retro Evolved 2 sur Xbox 360 qui est pour moi un chef d’œuvre absolu de game design et sur lequel je dois cumuler depuis 6 ans des centaines d’heures de jeu sans pour autant réussir à dépasser mon high score depuis 18 mois. Les twin shooter ou les jeux de scoring ont mon affection depuis quelques années comme Pac-Man DX Championship Edition découvert il n’y a pas si longtemps.
Enfin, mon péché mignon reste la collection de cartouches Game Boy que je récupère à gauche à droite. A la fois parce que l’effet « nostalgie » est fort (c’est la première console que j’ai possédé personnellement) et que je reste assez fasciné par certains tours de force technique ou ludique sur une machine pourtant si basique. Donkey Kong 94’, Kirby’s Pinball Land ou Gargoyle’s Quest sont des petits miracles au regard de la plate-forme sur laquelle ils tournent.
Les premiers souvenirs remontent à 1983-1984 quand nous avons fait l’acquisition d’un TO7 (Thomson) à la maison. Mes frères recopiaient des listings de code en Basic tirés de magazines pour créer des jeux sur TO7. Et j’y jouais ! On avait également un jeu acheté dans le commerce, I.L. l’Intrus publié par Infogrames qui était une aventure textuelle et graphique inspirée du film Alien.
Après cela, quelques souvenirs de Commodore 64 chez des amis de mes parents en vacances, un vieux home pong récupéré chez un oncle qui avait égayé quelques semaines (et déréglé les canaux de réception de la télévision !), jusqu’à l’arrivé de la NES que possédait un ami du collège, dont les jeux m’avaient au départ paru moins beaux que ceux des micros de l’époque mais dont le fun était tellement supérieur. C’est des après-midi de Super Mario Bros., de Punch-Out, de Zelda, de TMNT, de Simon’s Quest… L’ami en question a même eu un été une PC Engine prêtée, dans mon souvenir, par un ami de la famille qui était steward. Tout était en japonais, mais les graphismes très manga d’un PC Kid, d’un Mr Heli ou d’un Dragon Egg étaient à tomber par terre au moment même où l’on regardait Dragon Ball ou Dr Slump à la télévision.
La Game Boy a été ma première console personnelle comme je le disais, que j’ai pu acheté grâce à la complicité de mes sœurs cette fois-ci sans l’accord de mes parents. Évidemment, j’ai du cacher ma console pendant toute ma scolarité à mes parents, trouver des cachettes pour les jeux, me séparer des boitiers et des notices pour pas me faire gauler… Cette pratique clandestine a bien évidemment donné une saveur toute particulière à mes sessions de jeu : savoir parfois éteindre la console dans une partie bien avancée de Super Mario Land au moment où j’entendais le pas maternel dans l’escalier, négocier dans la cours de récréation avec les copains pour éviter des achats de jeux en doublons, trouver les 190 francs nécessaires pour acheter une cartouche… Le dernier jeux Game Boy m’ayant marqué, c’était au début du lycée et ça s’appelait The Legend of Zelda : Link’s Awakening. Entre temps, mes résultats scolaires m’avaient permis d’obtenir, cette fois-ci avec l’accord parental, une Super Nintendo avec Super Mario World et Street Fighter II.
Je n’ai plus touché une console de 1994 à 2000 parce que je me suis intéressé à autre chose : le cinéma documentaire, la radio (j’ai animé des émissions sur Ado FM entre 1994 et 1995 avec une bande de copains du lycée) et à partir de 1996, internet grâce à des amis très branchés par l’informatique. On a monté des sites web, appris à coder en html, rencontrer des gens et eu l’opportunité de se faire financer des actions web en marge de festivals à Paris et en Province.
En 1999, je passe la soirée chez un copain de fac. A trois heures du matin, au moment où il m’installe le canapé sur lequel je vais dormir, il me dit : « Tiens, j’ai acheté une petite console si tu veux y jouer avant de t’endormir ». Je regarde : une Nintendo 64, Mario 64 et Banjo-Kazooie. Il m’allume la console et là, le vertige quand je vois fonctionner Mario en 3D ! J’y passe une partie de la nuit, bluffé par la fluidité, le challenge, la musique (de Banjo-Kazooie !). J’ai pas le sous à l’époque pour me payer ça, mais ça me marque profondément. Quelques mois plus tard, en février 2000, j’ai commencé à bosser à l’université au service public de la vidéothèque, j’ai touché ma première paye, j’ai réglé des dettes liées à un voyage au Portugal avec des amis l’été précédent et il me reste alors 400 francs à dépenser. Je file sur iBazar (le eBay français de l’époque) et je trouve sur Paris une Nintendo 64 et deux jeux, Mario 64 et Ocarina of Time pour… 400 francs tout rond. J’emporte l’enchère et je vais récupérer la machine dans le XVIIème arrondissement. Et je remets en fait le doigt dans l’engrenage…
C’est l’époque où les brocantes de quartier explosent et où les gens se séparent pour une bouchée de pain de leurs NES, Super Nintendo, Megadrive et autres jeux Game Boy. J’ai un peu de sous grâce à mon job étudiant et du temps le week-end pour écluser les vide-greniers. Je me reconstitue une collection de jeux 8 et 16-bits honnête, à moindre coût en quelques années. Un dimanche soir, à 17h, je récupère pour 1 franc un jeu en loose pour Super Nintendo. Je l’ai acheté parce que le titre me rappelait vaguement quelque chose. Je rentre chez moi, l’enfiche dans la console pour voir à quoi ça ressemble (et si la cartouche fonctionne bien). A quatre heures du matin, je suis encore en train de jouer à ce jeu qui s’intitule Super Metroid.
Sans aucun doute, Geometry Wars Retro Evolved 2. J’ai découvert le jeu grâce à Nicolas et Marion qui avaient monté une exposition en 2011 sur les jeux vidéo. Ils l’avaient mis dans leur programmation de jeux avec d’autres titres qui partageaient la même esthétique « électrique » (fond noir, graphismes vectoriels, couleurs électriques…) On y a beaucoup joué à Valence dans la Drôme où j’accompagnais l’exposition par une programmation de films au Lux. Le scoring est quelque chose que j’ai redécouvert grâce à ce jeu (qui me renvoie probablement au plaisir de Tetris sur Game Boy). J’y reviens sans cesse, par période, avec des paliers que j’arrive à dépasser. Sauf ces 18 derniers mois…
Gargoyle’s Quest, parce que c’est le premier jeu intégralement en anglais que j’ai terminé. Super Mario Land, Link’s Awakening qui donnent tous deux le sentiment de tenir un monde dans le creux de la main. Super Metroid, parce qu’en 2002, un jeu de 1994 peut produire une expérience d’une puissance immersive et ludique incroyable. REZ parce que c’est une expérience de l’image et du beat incomparable. Dragon Quest IV parce que son récit choral est fabuleux (même sur NES). Katamari Damacy parce que c’est un principe fou, l’accumulation sans fin et le changement d’échelle, que seul le jeu vidéo permet d’expérimenter.
Plutôt console et console portable pour les JRPG. Un peu de tout et des périodes. Là, en ce moment, j’ai une Game Boy SP dans ma sacoche avec NBA Jam dedans.
A la fois un joueur solitaire et désormais un joueur avec des enfants en âge de jouer. Avec ces derniers, j’utilise une Xbox confiées aux bons soins de Loupign de LaCazRetro qui me l’a softmoddée afin d’en faire une sorte de jukebox à jeux vidéo. C’est l’occasion de ressortir quelques vieux jeux d’arcade toujours efficaces (Bubble Bobble, Chase HQ…) ou quelques raretés (récemment une fin d’après-midi sur Trip World).
Mais, il est arrivé qu’un Super Mariokart 8 ou un Windjammers anime jusqu’à très tard une soirée entre amis absolument pas joueurs…
Console indubitablement.
Les jeux de scoring pour le frisson de se dépasser et le plaisir de progresser.
Je joue à toute sorte de jeux comme j’écoute des styles musicaux très différents, comme je lis des romans très variés et comme je m’intéresse à des cinématographies très différentes.
Le plaisir, la surprise, le goût irrésistible du « Reviens-y ! ».
L’été au début des années 2000 à jouer à Mario Tennis 64 avec une bande de copains en vacances sur la côte basque. C’est un très bon souvenir.
Pas de mauvais souvenir en tête.
Si certains, que je ne mentionnerai pas ici, la trouvent un peu pompière, j’ai pour ma part beaucoup d’affection pour l’OST de Banjo-Kazooie. Elle a cette capacité à me mettre ses rengaines dans la tête tout en dégageant beaucoup d’humour et de bonne humeur ; l’état d’esprit du jeu, très potache, un peu balourd (Banjo), un peu sarcastique (Kazooie) y est parfaitement exprimé. Les OST de Bubble Bobble, Space Harrier, Out Run, des Street of Rage, des Sonic font partie des choses qu’il m’arrive d’écouter. Du côté de Nintendo, Super Mario Sunshine et Wind Waker font partie de mes OST préférées dans les années plus récentes. Le Secret Course Acappela de Sunshine est un de ces petits plaisirs absolument parfait.
Pouvoir discuter avec quelqu’un comme Shigeru Miyamoto serait une opportunité formidable, tant il a façonné mes goûts en termes de jeu vidéo. Mes activités de recherche m’ont permis ces dernières années d’échanger avec des créateurs lors d’entretiens de recherche ou de table-rondes publiques comme Jeff Minter, Christophe Balestra de Naughty Dog, Frédérick Raynal, David Cage de Quantic Dream ou encore Raoul Barbet et Michel Koch de Life is Strange grâce aux rencontre InGame. Ces rencontres sont toujours très stimulantes et mon statut de chercheur permet en général un dialogue assez franc qui sort du discours promo auxquels ils peuvent être habitué.
Trouver plus de temps pour jouer et regarder d’un œil ce qui se passe du côté de la VR.
Et bien je cherche quelqu’un qui pourrait me remettre sur pied un linker DS qui m’est très utile pour mes recherches, mais que je n’arrive plus à faire fonctionner. N’hésitez pas à me contacter via mon compte Twitter @AlexisBlanchet"
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