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Le blog Gaming de Starsystemf

[LA PAROLE AUX GAMEURS ACTE CXXI] Interview de Bounthavy Suvilay

[LA PAROLE AUX GAMEURS ACTE CXXI] Interview de Bounthavy Suvilay

Hello les gameuses et les gameurs, voici une interview pour la rubrique LA PAROLE AUX GAMEURS.

L’intérêt de cette rubrique est de donner la parole aux joueurs/joueuses (que ce soit des professionnels du métier, des esportifs, des gameurs passionnés ou des journalistes) pour parler de notre passion le jeu vidéo! Mais aussi l'impact sur leur vie, des souvenirs, et tout ce qui va avec.

Aujourd'hui, c'est Bounthavy Suvilay d'avoir répondu à mes questions sur sa vie de gameuse et également sur le beau livre sur les jeux indés qu'elle a sorti il y a quelques mois : INDIE GAMES aux éditions BRAGELONNE.

Sans plus attendre, je lui laisse donc la parole!

 

 

(Interview rédigée le 14/03/2019)

  • Peux-tu te présenter à mes lecteurs pour savoir qui tu es “In Real Life” ?

Actuellement, j’essaie de terminer ma thèse sur Dragon Ball. Mais j’ai un peu de mal car je procrastine à mort en regardant des vidéos, en écoutant des podcasts. Accessoirement je me suis mise à la gym en espérant régler ma mauvaise position (assise devant un ordi). Du coup, je suis un danger public puisque je jongle avec une kettle bell de 14 kg qui manque de partir dans le décor à chaque instant. A part ça, j’ai été rédactrice en chef d’IG Magazine, revue bimestrielle spécialisée dans le jeu vidéo (2009-2013). J’ai écrit des articles pour AnimeLand et d’autres revues sur le manga et l’anime.

Le livre INDIE GAMES sorti aux éditions BRAGELONNE

Le livre INDIE GAMES sorti aux éditions BRAGELONNE

  • Je t’ai connu par rapport à la sortie du beau livre Indie Games, pourrais-tu nous en parler ? De quoi traite-t-il ?

Indie Games est un beau livre consacré aux studios indépendants et aux jeux vidéo. Il s’agit de promouvoir le médium en montrant les aspects à la fois artistiques (ce que les gens reconnaissent généralement comme tel, c’est-à-dire les arts visuels et la musique), techniques (la rapide histoire des innovations techniques ayant permis l’émergence du jeu indé), et individuels (beaucoup d’interviews pour avoir des témoignages). Je pense que le chapitre consacré aux multiples galères des développeurs indé et comment ils s’en sortent est particulièrement intéressant pour ceux qui aimeraient se lancer dans l’aventure. En tout cas, le livre est globalement une immense lettre d’amour aux créateurs de jeux vidéo.

 

 

  • D’où est venue l’idée de faire un livre sur les jeux indés ?

C’est avant tout une idée de Julien Lemaître qui travaillait en tant que chef de fabrication chez Bragelonne. Il est gamer et amateur de musique. C’est pourquoi il est fan des jeux de The Chinese Room par exemple. Il m’a contacté pour réaliser le projet et surtout écrire les textes. Je lui ai proposé de présenter de manière plus concrète les jeux en les replaçant dans un contexte socio-historique et dans un texte pas prise de tête avec des anecdotes. Au final, c’est un projet commun.

 

 

  • Comment as-tu procédé pour rédiger cet ouvrage ?

C’est simple : j’ai harcelé tous les développeurs que je connaissais et tous ceux que je ne connaissais pas par le biais des réseaux sociaux pour avoir des entretiens. J’en a obtenu une cinquantaine avec en moyenne 50 minutes de conversation. Il y a à la fois des gens reconnus comme Justin Ma (Faster Than Light), Ian Dallas (What Remains of Edith Finch), Eric Chahi (Another World), Team Cherry (Hollow Knight), Motion Twin (Dead Cells), Shiro Games (Northgard) et d’autres qui le sont moins car ils travaillent dans l’ombre ou qui étaient en train de lancer leur jeu. Le plus difficile a été de couper dans les interviews pour obtenir un texte un peu cohérent et facile à lire.

 

 

  • Quels sont les meilleurs souvenirs que tu as sur la rédaction de ce livre avec les rencontres que tu as faites ?

J’aime beaucoup discuter avec les gens pour qu’ils m’expliquent comment ils ont procédé. C’est la partie la plus agréable. Bon, évidemment quand tu as 9 heures de décalage horaire ça fait toujours un peu mal. Mais globalement, c’est le plus agréable. Et j’ai ensuite rencontré IRL certains développeurs (Team Cherry, Motion Twin, Rusty Lake) au Tokyo Game Show. Pour les Australiens, c’est un peu normal puisque leur pays est proche de l’archipel nippon. Mais pour les Bordelais et les Hollandais c’était plus étrange de devoir traverser la moitié de la planète pour les voir en vrai.

 

  • As-tu rédigé d’autres livres sur du jeu vidéo ? Si oui, peux-tu nous en dire plus ?

J’ai rédigé des livres autour du jeu vidéo mais mon nom n’apparaissait pas en gros sur la couverture. Par exemple, j’ai rédigé la majorité des textes de How to art Dofus & Wakfu, un artbook consacré aux jeux d’Ankama avec des tutoriels de différents artistes. Mais curieusement, Amazon met Tot en « auteur ». (https://www.amazon.fr/Dofus-How-Art-TOT/dp/2916739548/ref=cm_cr_arp_d_product_top?ie=UTF8 ) De même, j’ai supervisé et écrit une partie des textes de RPG - le jeu de rôle : du papier au pixel. Mais l’auteur est IG selon Amazon (https://www.amazon.fr/RPG-jeu-rôle-papier-pixel/dp/2365050190/ref=sr_1_1?s=books&ie=UTF8&qid=1552582041&sr=1-1&keywords=RPG+pixel). On m’a aussi confié la rédaction en urgence d’un catalogue d’exposition qui finalement n’a pas été commercialisé… Du coup, Indie Games est ma première expérience réussie avec mon nom sur la couverture.

 

  • Si tu devais nous vendre ton dernier livre, que nous dirais-tu ?

On peut le faire façon technique : « 1,7 kg, 220 pages, 300 jeux, 50 interviews et des heures de plaisir ». Il y a la méthode “J’me tranche la gorge” : « Le beau livre qui va convaincre ta grand-mère que les jeux vidéo, c’est pas pour les dingos ! En plus, il fait cale porte et arme contondante ! A ce prix-là, j’me tranche la gorge ». Enfin j’ai l’argumentaire misérabiliste : « Aiiiiidez-moi ! Je ne touche presque rien en droit d’auteur. À votre bon cœur, môsieur dame ! »

Plus sérieusement, je ne sais pas quoi dire si ce n’est qu’il faut le feuilleter pour être convaincu.

 

  • Des informations des futurs livres prévus ?

Je suis en train de traduire le livre en anglais et il devrait paraître en fin d’année chez un nouvel éditeur. J’espère que le résultat sera aussi beau que la version française. Mais je n’ai pas de contact ou d’information sur la fabrication pour le moment.

 

  • Maintenant, parlons plus de jeu vidéo, quel est le pseudo que tu utilises le plus dans les jeux vidéo? D’où vient-il?

En fait, j’ai des pseudo de merde comme Chaipokoi, TuezLesTous, AchevezLes et PutainPasMoi. Est-ce qu’il faut vraiment d’autres explications ?

 

  • Dans une semaine type, quel est ton temps de jeu en moyenne?

Je n’ai pas de semaine type. J’ai des périodes de binge gaming où j’enchaîne les heures devant la console puis rien. Pendant Zelda Breath of Wild j’ai perdu 3 kg car je ne pensais plus à manger tellement le jeu est prenant. J’ai dû faire au moins une semaine ou deux à base de nouilles instantanées car ça prenait moins de temps à préparer. Ensuite, on n’a qu’une télévision et mon compagnon est aussi un joueur… D’où les périodes avec ou sans jeu. Ensuite, je « joue » à Dokkan Battle (jeu de cartes avec gatcha) uniquement pour collectionner les cartes de personnages Dragon Ball. J’ai réussi à avoir plein de personnages rares sans payer quoi que ce soit. C’est aussi le passe-temps dans les transports quand tu es coincé.

 

  • Comment et quand as-tu commencé ta vie de Gameuse?

J’ai découvert les jeux vidéo lorsque j’ai fait du baby sitting. Image la scène : deux gamins et moi, une seule console, 2 manettes et la guerre pour savoir qui fait quoi.

 

  • Quel est ton jeu du moment ? Y a-t’il un jeu auquel tu joues régulièrement ? Celui que tu attends le plus ?

Eh bien, comme je viens de changer de pays et que je n’ai pas encore récupéré mes affaires, je ne joue pas… Et puis, j’essaie vraiment de finir cette thèse. Sinon, je conserve une vieille PSP et une gameboy advance pour les Final Fantasy Tactics auxquels je rejoue régulièrement (même si ça fait un peu mal aux yeux).

 

  • Quels sont tes jeux cultes ?

Zelda 3, Wind Waker, Final Fantasy Tactics.

 

  • Sur quelle plateforme joues-tu ?

Dès qu’on la retrouve une fois le déménagement fini, une Play 4.

 

  • Quel type de joueuse es-tu? Plutôt une joueuse solitaire ? Une joueuse qui joue beaucoup en réseau ? Une joueuse qui préfère les soirées entre amis à jouer à plusieurs ?

J’ai fait des MMO, mais ça prend vraiment vraiment trop de temps ! Je joue beaucoup plus sur des parties solo car j’aime bien prendre mon temps. Je regrette qu’il n’y ait plus de Bomberman et de jeux casu qui permettent d’intégrer également ceux qui ne jouent pas lors de soirée. Mais sinon les périodes retour de flamme avec Garou : Mark of the Wolves sur une console Neo Geo trafiquée, c’est sympa aussi.

 

  • Plutôt consoles portables? Consoles de salon? Smartphones/tablettes? PC?

Console.

 

  • Quel style de jeu apprécies-tu le plus ? Pourquoi ?

Je ne sais pas trop. Ça dépend plus de l’univers de jeu que du gameplay ou du genre. J’adore Portal, Skyrim et Zelda. Mais ce sont des titres vraiment différents. De même j’ai vraiment adoré Monument Valley mais c’est plus pour sa qualité graphique que pour le gameplay.

 

  • De manière générale, tu joues à quels styles de jeux ?

Disons plutôt que je ne joue pas vraiment aux FPS et aux jeux de plateformes. Je ne suis pas assez masochiste. :P

 

  • Qu’est-ce qui, d’après toi, fait un bon jeu ?

Le hasard d’une rencontre improbable entre des individus talentueux. Le reste est accessoire.

 

  • Quel est ton meilleur souvenir de Gameuse ? Ton pire ?

Le pire souvenir est lorsque j’ai perdu un personnage que j’ai passé des heures et des heures à monter dans Final Fantasy Tactics. J’étais trop dégoûtée. Pour le meilleur, je ne sais pas. J’espère qu’il est à venir. Mais la découverte du monde des ténèbres dans Zelda 3 reste un grand moment car soudain le jeu est plus vaste que tu ne le pensais.

 

  • J’adore les bandes originales de jeux vidéo, est-ce qu’il te prend d’en écouter régulièrement? Une ou des OST de référence?

En fait, je me sers de la BO de Hotline Miami comme bruit de fond pour rédiger ma thèse. C’est vraiment pas mal surtout des titres un peu répétitifs comme Hydrogen de Moon. Ça me met en état de transe pour réfléchir.

 

  • Quelle personne importante du Jeu Vidéo voudrais-tu rencontrer? Pourquoi ?

Aucune idée ! En fait, je ne suis pas assez fan de quelqu’un pour le stalker. J’ai pu croiser des célébrités du jeu vidéo par le biais de mon travail de journaliste et me rendre compte qu’il s’agit de gens tout à fait normaux. Certains sont super gentils. D’autres sont moins chaleureux. Ensuite, je pense qu’il faut vraiment séparer les créateurs et les jeux sinon on va finir par aboutir au truc absurde actuel qui se passe avec Michael Jackson…

 

  • Quel regard as-tu sur ta vie de Gameuse jusqu’à présent? Comment vois-tu le futur du Jeu Vidéo ?

Le jeu vidéo est bien installé dans la vie des gens et il ne risque pas de disparaître. Il faut juste que les médias mainstream arrêtent de mettre tous les titres dans le même sac et se mettent à proposer de vraies critiques au lieu de traiter ce médium comme un truc pour débiles macho et déconnectés de la vie réelle.

 

Je trouve qu’on devrait résister aux articles à click et aux condamnations rapides liées au politiquement correct. :P

Soyons clair, tout le monde souffre d’une façon ou d’une autre. La vie est mortelle (littéralement) et elle n’est qu’une suite de souffrances dans le sens où tout peut potentiellement t’offenser. Oh mon dieu, il y a des gens qui ne partagent pas ton opinion et ne t’accueille pas comme le messie ! Oh mon dieu, il y a des cons et des gens pas doués ! So What ?! Tu peux crier aux méchants machistes, racistes, et autres -cistes autant que tu veux. Tu peux même essayer d’éradiquer les comportements qui ne te plaisent pas en tentant de limiter la liberté d’expression d’autrui. Mais c’est une attitude qui conduit au totalitarisme.

En gros, te considérer et agir comme victime est stupide. Il y a aussi des tas de gens qui sont simplement surpris de voir des filles/noirs/gros/ajoute-ta-catégorie-de-victime dans des pratiques où ils n’en rencontrent pas habituellement. Ils expriment sans doute leur étonnement de manière très maladroite voire insultante selon toi mais d’une part, ils ne font rien de répréhensible et ils n’ont généralement pas de haine contre les filles/noirs/gros/ajoute-ta-catégorie-de-victime. De plus, actuellement rien n’empêche une fille/noir/gros/ajoute-ta-catégorie-de-victime de faire le métier/activité qu’elle/il/ajoute-le-bon-pronom souhaite. Généralement, une fois que tu as prouvé que tu es performant, efficace et intègre, les gens te respectent. C’est une situation normale et il n’y a pas besoin de crier aux micro-agressions ou de demander réparation sur les trois générations à venir.

Et sinon, oui, dans n’importe quelle forme d’humour on rit DE quelque chose ou quelqu’un. Les commentaires sur le site de Gameblog à propos de l’implémentation des équipes féminines peuvent sembler insultants et rétrogrades. Mais il ne s’agit que de mots (pas d’actes) et on doit laisser le bénéfice du doute car l’humour naze, ça existe. Ça a toujours existé et ça existera toujours dans le sens où il y aura toujours quelqu’un pour se sentir offusqué.

Pour ma part, en tant que fille d’immigré d’origine asiatique je n’ai jamais été en danger ou agressée face à des hommes. Je suis étonnée par les préjugés que les gens peuvent avoir. Mais une fois qu’ils sont dissipés les choses se passent toujours bien. Par exemple, lors d’un press tour, un journaliste a cru que j’étais la traductrice franco-japonaise… Je lui ai gentiment expliqué que j’étais rédactrice en chef. Ça s’est très bien passé et je n’ai pas été plus traumatisée par la situation.

Je trouve que de manière générale nous vivons dans une société où les idéologies du ressentiment ont pris le dessus sur le bon sens. Marc Angenot décrit très bien ces formes d’argumentations fallacieuses dans son livre (https://www.amazon.com/les-ideologies-du-ressentiment/dp/2892611903). Donc en tant que fille ou en tant que gameuse, je n’ai rien à dire. En tant que moi, simple individu qui ne se reconnaît pas dans ces idéologies supposées me défendre, je trouve qu’elles sont pernicieuses et tendent à créer des conflits là où il n’y en a pas. Désolée pour cette longue diatribe contre le politiquement correct.

  • Pour conclure cet entretien, as-tu quel chose à dire en plus de tout ce que tu viens de nous raconter?

Il ne faut pas laisser les idéologies du ressentiment ruiner le plaisir du jeu."

 

Merci beaucoup d'avoir pris le temps de répondre à mes questions et de t'avoir exprimé avec tant de franchise!

Retrouvez-la donc avec le livre "INDIE GAMES" disponible par ici:

Amazon

Fnac.com

Merci beaucoup à vous lectrices et lecteurs d'avoir lu le cent dix-vingt-unième acte de LA PAROLE AUX GAMEURS.

Si vous aussi vous voulez participer à la rubrique en répondant à l'interview ou si vous connaissez quelqu'un de passionné de Jeux Vidéo qu'il serait intéressant d'interviewer, si vous avez des idées de questions à poser à me poser pour l'interview de la semaine, n'hésitez pas à me contacter avec des commentaires sur l'article, par le formulaire de contact, sur Twitter ou Facebook.

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